Galerie Zlotowski
La Galerie Zlotowski, créée en 1998, est spécialisée dans les avant-gardes du XXème siècle, suivant deux voies parallèles mais complémentaires. Elle expose fréquemment des acteurs majeurs de l’art moderne tels que Sonia Delaunay, Jean Dubuffet, Kurt Schwitters ou Georges Valmier via ses expositions et catalogues. Elle a dans ce contexte contribué à la reconnaissance de l’oeuvre plastique de Le Corbusier, artiste-clé de la Galerie. A côté de ces grands acteurs modernes, la Galerie propose régulièrement la redécouverte d’artistes méconnus tels que Ella Bergmann-Michel, Robert Michel, Stéphane Mandelbaum ou Eugene J. Martin. Présente dans les grandes foires internationales telles que Tefaf et Paris + par Art Basel et ayant publié de nombreux catalogues, la Galerie défend des oeuvres pointues, inédites, privilégiant son regard et ses convictions.
Collection Galerie Zlotowski
Une coédition avec la Galerie Zlotowski
Sonia Delaunay, La Simultanée
Avant-propos de Richard Riss
Avec les contributions de Michel et Yves Zlotowski, Cécilia Becanovic, Anne Bonnin
Textes français/anglais, traduction de Juliet Powys
112 pages – 200 x 200 mm
Reliure cousue, cartonnée
Prix TTC France : 24 €
ISBN : 978-2-490393-39-8
Artiste abstraite, créatrice de mode, conceptrice de design, graphiste, entrepreneure à succès, marraine de l’abstraction, exploratrice de mediums, Sonia Delaunay (1885-1979) a eu, quasi simultanément, toutes ces facettes. Cette frénésie s’explique par une conception de l’art qui déborde du cadre traditionnel du dessin et de la toile pour aller conquérir la vie même. Sonia Delaunay n’a eu de cesse d’abolir les frontières entre l’art visuel et l’art décoratif, tout en restant fidèle aux principes du simultanisme, une conception de l’abstraction axée sur l’interaction des couleurs, qu’elle a élaborée avec son époux Robert dans les années 1910.
Ce catalogue de l’exposition de la Galerie Zlotowski présente des œuvres sur papier et des peintures – mais également une imposante mosaïque et des lithographies – de 1907 à 1979, année du décès de l’artiste.
Le premier chapitre du corpus des œuvres reprend la première section de l’exposition qui s’intéresse à la collaboration sans équivalent qui a uni Sonia à Robert Delaunay, lesquels se marièrent en 1910. On y trouve les œuvres des séjours espagnols et portugais (1914-1918), une période bénie pour Sonia malgré le contexte tragique de la guerre, faite de rencontres avec les artistes locaux et de travail intense, inspiré par la lumière de la péninsule Ibérique. Le simultanisme des années 1910 ne rejette pas la figuration mais extrait des corps, des visages ou des objets des formes géométriques qui organisent les combinaisons de couleurs.
La deuxième partie est consacrée aux dessins liés à la mode qui domine le travail de Sonia Delaunay dans les années 1920. Le titre d’un poème de Blaise Cendrars, ami cher de Sonia, Sur la robe elle a un corps, (1913) souligne le caractère révolutionnaire du style Delaunay avec son inversion du corps et de la robe. Cette vision d’une redéfinition de la mode est confirmée par le commentaire de Guillaume Apollinaire, » Il faut aller voir à Bullier, le jeudi et le dimanche, M. et Mme Robert Delaunay, peintres, qui sont en train d’y opérer la réforme du costume ».
La troisième partie se concentre sur la production picturale de Sonia Delaunay dans l’après-guerre. Elle est un rare cas de l’histoire des femmes artistes au XXe siècle ayant connu le succès et la reconnaissance de son vivant, certes à un stade avancé de sa carrière. Progressivement, la « femme de Robert Delaunay » s’impose, se plaçant au cœur des mouvements d’avant-garde de l’après-guerre. Dans les années 1960 et 1970, de grandes expositions muséales valorisent son œuvre : elle fut la première femme à exposer de son vivant au Musée du Louvre en 1964. Et trois ans après, en 1967-68, une importante rétrospective lui est consacrée (à elle seule) au Musée d’Art Moderne.
La dernière partie présente des projets ludiques et surprenants, dans lesquels Sonia Delaunay s’est aventurée, et ce durant toute sa longue carrière. L’édition, l’illustration de poésie, le graphisme et la publicité vont la passionner, au point, pour ce dernier domaine, de réaliser des projets non sollicités par l’entreprise dont elle fait la » réclame « . Une mosaïque réalisée pour le Groupe Espace et des projets pour un jeu de cartes à jouer illustrent cet appétit de diversité. L’édition sous toutes ses formes constitue un domaine pour lequel elle enchaînera des productions tout au long de sa carrière.
L’ampleur des domaines investis par Sonia Delaunay est la traduction d’une immense ambition artistique, à rebours de la vision d’un retrait de l’artiste qui irait vers des supports moins prestigieux. Laissons à Sonia Delaunay le dernier mot, résumant sa vision d’un art total, qui ne convoque pas la modestie mais l’infini » L’art abstrait est un pas vers la libération de la vieille formule picturale. Mais la véritable nouvelle peinture commencera quand les gens comprendront que la couleur a une vie propre et un langage beaucoup plus expressif que les vieilles méthodes. C’est un langage mystérieux accordé aux vibrations et à la vie même de la couleur. Dans ce domaine, il existe de nouvelles et infinies possibilités. » (Cité dans Stanley Baron (1995), Sonia Delaunay, Sa vie, son œuvre, 1885-1979, Jacques Damase Éditeur, Paris, page 199.)